La tendance des apéros virtuels en ligne pourrait nous faire croire le contraire, mais le confinement a entraîné une baisse spectaculaire des ventes de vin. Les chiffres sont intarissables : la consommation de vin a diminué drastiquement au Luxembourg, en France, en Espagne, en Italie. Les petites productions familiales sont de loin les plus touchées. Certaines sont même en grand péril. Vi(e) fait un petit tour d’horizon de ses petits producteurs responsables. On vous explique pourquoi ils sont si affectés et que faire pour les aider.
1. Situation des vignerons espagnols
Avec 953000 hectares de vignobles (13% de la surface viticole mondiale) et l’exportation de 20 millions d’hectolitres, l’Espagne est la 1ère puissance viticole mondiale.  Ce sont 115 000 viticulteurs répartis  dans les 4100 bodegas espagnoles qui soufrent des effets du confinement. À cela, il convient d’ajouter les milliers de travailleurs saisonniers effectuant les taches agricoles.
La situation n’était déjà pas rose depuis quelques temps. Les restrictions imposées par Donald Trump aux Etats-Unis pour les vins européens avaient particulièrement impacté l’Espagne qui voyait son plus gros marché ainsi limité. Ensuite, la crise du corona virus en Chine avait totalement fermé le marché asiatique. C’est maintenant l’Europe qui fléchi, mais tous les producteurs ne sont pas affectés de la même manière.
2. Pourquoi les petits producteurs sont les plus vulnérables ?
Pour les petits producteurs, la situation est parfois catastrophique. Avant la crise sanitaire, 40 % de leur vin était destiné à la restauration et l’hôtellerie. La restauration locale se fournissait directement chez les producteurs. La restauration étrangère faisait appel à des cavistes alternatifs, comme le fait vi(e) avec de nombreux restaurants gastronomiques au Luxembourg.
L’autre manière d’accéder à leur clientèle était leur participation au salons et foires. Certains vignerons misent même presque exclusivement sur ces évènements pour présenter leur vin. Or, des grands salons internationaux (ProWein) aux petites foires locales (Fira del Vi dans le Priorat), en passant par les fêtes vigneronnes de village, toutes les éditions 2020 ont été évidemment annulées.
« Nous essayons d’accéder au consommateur final, mais cela ne s’invente pas en quelques semaines… » Eva Escudé, Trossos del priorat
Il est clair que parmi les quelques grands gagnants de cette crise, on compte la grande distribution. Mais, les petits producteurs responsables sont incapables de se plier aux exigences des hypermarchés en terme de volume. De plus ils devraient faire de grosses concessions sur la qualité pour se plier aux tarifs imposés. Inenvisageable. Leurs points de ventes se situent chez les cavistes alternatifs, mais ceux-ci ont dû fermer leurs boutiques dans de nombreux pays (Espagne, Luxembourg, Italie…)
3. l’œnotourisme
Les petits producteurs responsables travaillent dans le respect de la terre et des paysages, sans aménagement à la production de masse. Ils recherchent un terroir singulier, ou perpétuent la tradition familiale dans un mas chargé d’histoire.  Leurs vignobles se situent très souvent dans de véritables paradis naturels aux paysages spectaculaires. Ajoutez à cela la qualité et la typicité du vin qui est confectionné, ainsi qu’une cuisine de terroir savoureuse, et vous obtenez une destination de tourisme gastronomique de premier choix. Certaines bodegas attirant jusqu’à 15000 visiteurs à l’année, l’oenotourisme représente 35 à 40% de leurs revenus. La suspension du tourisme est l’autre grand coup dur auquel ils devront faire face.
« Notre petit hôtel est actuellement fermé, et nous attendons avec beaucoup d’enthousiasme un retour à la normalité… Nous voulons rester positifs!! » Eva Escudé, Tossos del Priorat
Pour couronner le tout, leur domaine étant fermé au public pour raison de crise sanitaire, la vente directe est donc totalement impossible. De plus, l’immense majorité des petits producteurs n’est pas équipée de site web avec vente en ligne, ni d’un système de livraison à domicile.  Enfin, les transporteurs qui fournissent habituellement les cavistes qui les distribuent, ont désormais les produits alimentaires et hospitaliers comme priorité. C’est donc la quasi-totalité de leurs revenus qui est gelée le temps de l’État d’urgence.
4. La vigne continue
« Alors que le temps semble s’être arrêté, dehors la vie continue, elle explose ». Carlos Esteve, Can Rafols del Caus, DO Penedés.
En dépit de revenus inexistants, l’heure n’est pas au chômage technique pour les vignerons espagnols. C’est le message qu’ont voulu faire passer les vignerons indépendants français avec le #lavignecontinue. La tâche agricole est manuelle et ne peut pas se reporter à plus tard, sous peine de nuire à la qualité du cru annuel. Le mois de mars est la période où l’on prépare le vignoble à l’éclosion en enlevant les mauvaises herbes. Sans l’usage d’herbicide, c’est un travail qui demande une main d’œuvre conséquente.
« Nous sommes dramatiquement affectés financièrement. Nous avons l’inconvénient de devoir continuer à travailler et dépenser dans la vigne et la bodega, sans avoir aucun revenu dans le même temps. ». Xavi Peñas, Cellers Sant Rafel, DO Montsant
Puis  au mois d’avril, avec l’éclosion des bourgeons, les bodegas en recherche d’un vin de grande qualité effectuent la taille en vert. Les viticulteurs éliminent les branches invalides pour améliorer l’aération, diminuer la production et donner de la force supplémentaire à la plante pour une meilleure maturation du raisin. C’est un travail totalement manuel qui demande une prise de décision humaine lors de la sélection des branches à élaguer.
« C’est une année assez pluvieuse, en retard sur le calendrier standard. Nous sommes maintenant concentrés sur l’arrachement manuel des mauvaises herbes, la taille en vert et les traitements antifongiques biologiques. » Raül Bobet, Castell d’Encus, DO Costers del Segre.
5. Mesures prises
Fort heureusement, dans ces vignobles isolés du monde, le travail agricole se fait à l’air libre, dans de vastes espaces, et les risques de contamination sont minimes (Aucun cas recensé dans le Priorat). Bien évidemment, des mesures ont été prises pour lutter contre la propagation du virus. Au delà de la distance barrière déjà d’usage, le port de gants et masque, ainsi qu’un fréquent lavage de main sont bien sûr obligatoires et répertoriés. Les tâches administratives se font elles en télétravail.
« Le travail a la vigne est tout ce qu’il nous reste en ce moment. Tu ne peux pas imaginer à quel point cela fait du bien d’aller la travailler. On s’aère l’esprit et on se projette sur la perspective d’un grand vin, sans penser au reste. » Eduard Morell, Vinyes del Terrer, DO Tarragona.
Face aux énormes pertes de revenus qu’ils subissent, la tentation de recourir à des moyens artificiels pour diminuer les coûts pourrait paraître forte. Mais un virus, si terrible soit-il, ne remet pas en cause leurs convictions.  Les difficultés financières sont, espérons-le, passagères. Leur engagement pour le respect de la terre, de la tradition familiale, de la qualité de leur vin est éternelle. Une mauvaise cuvée entacherait le travail effectué par le passé et aurait des conséquences bien plus graves à long terme. Mais surtout, elle souillerait la fierté d’être ce qu’ils sont : Des vignerons engagés et libres.
6. Que faire ?
Alors que pour le moment aucune aide concrète n’a pour le moment été apportée par le gouvernement espagnol, le secteur viticole est clairement l’un des plus touché par la crise sanitaire. Un cri d’alarme a été poussé par l’organisation interprofessionnelle du vin espagnol. Une lettre adressée au ministère de l’agriculture demande l’établissement d’un budget exceptionnel pour éviter la faillite de centaines d’exploitations et la perte de la récolte 2020. Les réponses se font toujours attendre…
« C’est une situation très compliquée pour la survie de notre petite bodega. Néanmoins, aucun compromis n’est envisageable avec la vigne » Anna Molina, Els vil-lusionistes, DOQ Priorat
Ces vignerons sont en danger.  La plupart d’entre eux ont une trésorerie qui n’excède pas un mois et demi. Leur domaine est une affaire qui engage leur famille sur plusieurs générations. Avec eux, c’est leur savoir faire et donc leur terroir qui est en péril. En effet, la richesse du terroir ne peut s’exprimer qu’à travers des mains des hommes et femmes qui le subliment.
« Le confinement est une opportunité de revoir ses stratégies, de recentrer les priorités sur l’humain et la nature. Pour la bodega, c’est le moment d’être plus concentré sur la qualité et de se souvenirs quel type de distributeur était présent en temps de crise. » Raül Bobet, Castell d’Encus, DO Costers del Segre et Ferrer Bobet, DOQ Priorat.
Plus que jamais, il est important de consommer de manière responsable, de diriger ses achats vers des productions familiales et de favoriser le circuit court avec un intermédiaire maximum (plateforme de vente en ligne incluse). Vi(e) défend avec ferveur le lien entre le vigneron et le consommateur. Nous avons toujours mis beaucoup de cœur à décrire les paysages, les méthodes, les savoir-faire, l’histoire, les hommes et les femmes qui se cachent derrière chaque coupe de vin dégustée. En se fournissant directement chez les producteurs, avec qui nous entretenons de véritables relations d’amitié, nous leur assurons un revenu décent pour chaque bouteille. Nous offrons ainsi une visibilité inédite au Luxembourg à leurs magnifiques vins d’auteur et espérons les aider à faire vivre leur terroir.
3 Comments
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